mardi 23 octobre 2012

Marie NDIAYE - Autoportrait en vert


Titre : AUTOPORTRAIT EN VERT
Auteur : Marie NDIAYE
Éditeur : Mercure de France (Collection Traits et Portraits)
Publication : janvier 2005
Format : 14X20,5cm
Nombre de pages : 100 Pages
Prix : 13,00€
ISBN : 978-2-7152-2481-8







Le temps qui précède une catastrophe attendue, qu’il dure quelques secondes ou quelques heures, est le moment du retour sur soi, du récapitulatif plus ou moins accéléré de ce qu’on a vécu. Marie Ndiaye se livre à cet exercice alors que la Garonne est en crue et franchit un à un les niveaux d’alerte. En guise d’autoportrait, elle s’efface devant des familiers dont elle trace finement les contours. Du contact de l’auteure avec son entourage, ce sera au lecteur de tirer les fils afin de tisser lui-même le portrait de la narratrice.
Sous la jolie couverture rose unie de la courte collection Traits et Portraits, sept titres en 2005, revient à la surface comme un clin d’œil  une autre couleur, le vert, qui caractérise les personnages qui se frottent ou se sont frottés à la vie de Marie Ndiaye. Sentiment longtemps enfoui, né de l’enfance, «  ses yeux sont d’un vert très clair comme ceux de l’ogresse de la maternelle lorsque j’étais enfant », surgi le temps d’une crue. Retour sur quelques années où des femmes en vert, bien réelles au départ, pour finir par être peintes en vert par l’auteur, ont apporté, chacune à leur façon, leur influence voire leur malfaisance sur le cours des choses, voire des hommes.
Parlons des hommes, plutôt pâles, sous influence, ils forment la pâte à modeler des ces femmes en vert, un petit tour et puis s’en vont. Le père de l’auteur à la recherche de sa jeunesse, multiplie les épouses successives et les enfants dont elle – « ayant secrètement espéré qu’il éprouve le regret, en la découvrant (ma fille) si aimable, de n’avoir élevé aucune de ses propres filles » – pour finir vidé de sa substance en compagnie de sa dernière femme, une femme verte qui fut en d’autres temps une amie de la narratrice.
Autre destin pour la mère, rasant les murs, effacée, qui disparaît avec les sœurs, pour réapparaître deux ans plus tard en vert, sous un masque de vert, pour réapparaître deux ans plus tard avec un faire-part de naissance à 48 ans.
Ainsi seront déclinées l’amie Cristina « elle est en short, élastique et moulant, imprimé de fleurs vertes sur fond vert. Un peu de ma jubilation se dérobe », Jenny la malchanceuse, consternée devant la femme d’Yvan, une femme en vert, « d’éprouver une sorte de mépris d’elle-même, de sa personne physique, de sa propre insignifiance » ou l’inconnue Katia Depetiteville, fascinante, « absolument femme en vert » qui « ne manifeste jamais la moindre gratitude pour un service rendu ». Jusqu’à la Garonne et son « eau boueuse » dont elle se demande si elle est une…, « est-elle une femme en vert ? »
Livre subtil, plein de délicatesse qui décrit une autre façon de dire, en creux, de sembler s’effacer tout en tirant les manettes. Une écriture qui annonce déjà par quelques phrases très travailler et cet art du portrait, le succès à venir des « Trois femmes puissantes », un très beau prix Goncourt.

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