dimanche 28 octobre 2012

Marie NDIAYE - Mon cœur à l’étroit


Titre : MON CŒUR À L’ÉTROIT
Auteur : Marie NDIAYE
Editeur : Folio Gallimard
Format : 11X18cm
Nombre de pages : 380 pages
Parution : mars 2007
Prix :
ISBN :







« J’ai parfois l’impression, au début, qu’on me regarde de travers. Est-ce vraiment après moi qu’ils en ont ? » Dès la première page, le leurre est posé. Et le poisson lecteur appâté par la friandise qu’agite sous son nez la narratrice Nadia se prend à enfiler les pages car il veut savoir. Que peut-on reprocher à ce couple d’apparence parfait pour détourner le regard et exprimer une certaine gêne quand ce n’est pas de la haine ? Qui n’a pas remarqué une fois ces gens qui, du jour au lendemain, ne vous reconnaissent plus sans qu’on sache pourquoi ? Par mimétisme, le premier élan est de sympathie prudente envers cette victime qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Le voile se soulève au compte-gouttes quand le passé s’invite, les personnages d’antan ressurgissent, s’invitent parfois et mettent en lumière une situation moins idyllique qu’elle n’y paraissait. Devant l’édifice d’une vie égotique qui s’effondre, la narratrice erre d’une berge à l’autre, voulant savoir la vérité en se bouchant les oreilles quand elle se présente. « Pourquoi ai-je si peur de ce que mon mari peut vouloir m’apprendre ? » Et l’on ne sait toujours pas. Pour faire patienter, Marie Ndiaye distille un trait de caractère par ci, « je n’aime pas me voir enseigner quoi que ce soit », abat plus loin une des cartes du château. Dans un ralenti maîtrisé, l’immeuble obsolète d’une vie se transforme en un tas de cailloux, le mépris du nanti fait place à l’imploration du naufragé. Aussitôt le point final, le premier sentiment tire vers l’insatisfaction devant ce plat qui a manqué de sel. Après l’excellent nectar des Trois femmes puissantes, cet ouvrage légèrement antérieur laisse au palais un léger goût de piquette. Sans doute fallait-il laisser à ce sucre lent le temps de faire son effet et de comprendre après coup le fin fond de cette histoire. Et l’on mesure toute la maîtrise de Marie NDiaye à pratiquer, dans une langue parfaitement conduite, un surplace énervant tout en tenant le lecteur en haleine, à conduire à petites touches l’intrigue vers une issue déroutante qui laisse pantois. Là où l’on voyait simplicité ou maladresse était le leurre d’une habileté démoniaque, prémices du Goncourt qui allait suivre. Léger regret pour le lecteur d’être passé au travers de quelques pépites, une seconde lecture s’imposera pour en extraire tout le suc de cet excellent ouvrage.

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